De Nuremberg à…

Qu’est-ce qui rime avec frustration quand on se lance dans un Road Trip ?

BOUCHONS.

Mais revenons un peu en arrière, au début de notre périple.

Nous avons fait une halte rapide à Strasbourg après 4h30 de route. On s’arrête au Kléber, un petit hôtel sur la place du même nom et on profite de la fin d’après midi pour parcourir rapidement le centre historique. La Cathédrale est splendide et les maisons à colombage rivalisent de hauteur/ splendeur. On est sous le charme.

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Le goûter est l’occasion pour une vieille strasbourgeoise de tripoter le bras de Louise. « C’est fin la peau d’un bébé me dit-elle » avec un accent qu’on avait jamais entendu. Elle la regarde, attendrie et nous demande son prénom tout en discutant chiffons avec sa voisine. On marchotte jusqu’à la Petite France, un quartier fantastique et bucolique aux portes du vieux Strasbourg. Strasbourg sera surtout le lieu d’une grande première : on a mangé pour la première fois, un vrai Bretzel. Pas ceux tout secs en bâton de chez Ancel, non non (qu’on adore cela dit en passant). Le vrai gros Bretzel qui ressemble à du pain. Un délice.

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Nous avons quitté Strasbourg mardi 14 juillet, le coeur léger et la voiture toujours aussi pleine, direction Nuremberg. Nous avons roulé, puis traversé la frontière. « Notre première frontière du voyage, youhou ! ». On applaudit (bêtement) et Louise rigole. Il fait beau mais pas trop chaud, le temps est couvert, on a les cheveux au vent, Louise gazouille : tout est parfait pour faire les 3h20 de route qui nous séparent de notre prochaine destination.

Et là, à peine quelques kilomètres après la frontière – et alors qu’on se demandait « mais, finalement y’a pas de limitation de vitesse sur les autoroutes allemandes ? » -, ça freine sec devant nous, warning activés. Pour couronner le tout : le ciel se dégage et il se met à faire une soleil de tous les diables. On a déjà l’impression de cuir à l’étuvée et d’être tout rose (surtout Guy. Moi c’est compliqué et Louise est brumisée régulièrement). Il est 10h20 et nous allons mettre 1h, en plein cagnard et entourés d’énormes camions qui nous polluent les bronches pour faire… 10km. Partout, des panneaux « Stau » semblent indiquer ce qui est évident : « attention, embouteillages ». Bref, nous qui comptions manger à Nuremberg, on se résout à faire une pause sur l’autoroute pour faire manger la Pomme de terre. On enrage ! Ou bien on est « gavés » pour reprendre l’expression du pilote… Mais bon, c’est le genre d’aléas avec lequel il va falloir compter. On se souviendra de la région de Karlsruhe tiens !

Puis nous sommes finalement arrivés sans autres encombres à Nuremberg. L’accueil de notre hôtesse est tout à fait charmant, elle fait des risettes en anglais (et avec « arh », l’accent allemand) à Louise, lui donne une petite voiturette jaune puis nous explique dans le détail une super promenade à faire pour découvrir la vieille ville.

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Des bonbons et de l’eau pétillante nous attendent dans notre chambre, elle nous prête un livre consacré au Reichspartetagsgelände (on vous expliquera. Je précise que j’écris ce mot avec le modèle de l’orthographe sous les yeux…), une bouilloire et un récipient pour faire manger la poule. En deux trois cuillers à pot, elle nous indique le Aldi le plus proche pour faire nos courses et les numéros de Tram pour aller au Tribunal. Elle est parfaite !

Il est 15h, on se pose 5min puis… on décolle !

 Tout Nuremberg se visite à pied dans l’après midi. Nous avons chaussé nos plus belles Birkenstock (Bouh, le cliché !) et commencé à battre le pavé. On va de place en place, d’Eglise en Eglise. Tout est beau, propre… quelques endroits font un peu Disney d’ailleurs… on aura vite notre explication : pendant la guerre, les Alliés ont pilonné la ville et elle a été quasiment rasée. Il ne reste en fait que quelques maisons d’origine, tout le reste de Nuremberg a été reconstruit à l’identique après 45, avec le matériau issu des destructions. Il n’en reste pas moins que l’ensemble est très joli. On file au Palais Impérial d’où la vue est splendide sur la vieille ville.

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En se baladant, on découvre des « maisons ponts » qui enjambent les différents bras de la rivière et on tombe sur la splendide maison d’Albrecht Dürer.

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Louise s’entraine à marcher près de la « Fontaine des joies et des affres du mariage » et un peu plus tard dans la soirée, la demoiselle traversera debout une grande partie de la chambre. Ca y est, elle marche !

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Mercredi 16, nous avons de nouveau passé la journée à Nuremberg avec deux objectifs (vous reconnaitrez la prof d’histoire qui vit en moi) : voir la salle 600 du tribunal de Nuremberg et aller du côté du Reichspartetagsgelände où Hitler avec Speer avait construit un ensemble architectural digne de sa mégalomanie. C’est là qu’on été tournées toutes ces fameuses images en noir et blanc où Hitler harangue une foule extatique et où les défilés SS impressionnants ont été également tournés.

Nous avons d’abord fait route vers le tribunal pour constater une fois arrivés, que la salle 600 est fermée puisqu’un procès s’y tient. On fait donc la visite de l’exposition un peu déçus. L’exposition en elle même est assez laborieuse : d’énormes panneaux remplis de texte et… uniquement en allemand. Nous devons donc écouter de (trop) longues explications via un audioguide peu discret. Aidés par Louise, on se déconcentre assez rapidement quand tout à coup, les fenêtres qui donnent sur le salle 600 s’ouvrent : le procès en cours fait une pause, nous permettant de voir la fameuse salle. Drôle d’impression : en bas là-bas, Goering, Hess, Ribentrop et 24 autres étaient assis, il y a de cela 70 ans, jugés pour crimes de guerre, crime contre l’Humanité…

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On rend nos audioguides et on se dirige vers la sortie quand on voit le petit monsieur de l’entrée enlever le panneau « Room 600 closed today ». Il voit nos regards un peu interrogateurs et nous dit… « mon collègue monte ouvrir la salle… allez-y ! ». On pénètre donc dans ladite salle, seuls le temps de prendre la mesure du lieu où nous posons les pieds.

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Mais il est déjà 12h, l’heure de trouver un endroit où manger ! Guy jette son dévolu sur des « curry wurst » (litt. Saucisses au curry) avec un gros plat de frite et une bière. Le tout dans un fantastique décor de sex-shop et de boîtes de striptease. Merci le Lonely ! (à leur décharge, c’était délicieux).

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On enchaine sur notre prochaine destination, ce qui est l’occasion pour Louise de prendre un Tram pour la première fois.

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On sympathise avec une dame qui trouve Louise adorable et on discute quelques instants. Louise est un aimant à… à tout. Des vieilles dames, des plus jeunes, des jeunes à mèche, des familles, des jeunes cadres en chemise de travail, des papas, des papys, des mamies. Elle est fantastique pour rencontrer du monde : elle accroche les regards, puis fait un sourire et se tortille la mèche de cheveux avec ses doigts et c’est parti, on a le droit à un flot de questions et de sourires !

La visite du Dokumentation Zentrum a été assez laborieuse : il y a du monde, il fait chaud et… tout est écrit en allemand donc on se trimballe avec des audioguides qui ressemblent à d’énormes poêles. S’en est vite trop pour Louise qui meurt de chaud dans le porte bébé. Au quart de la visite, elle commence à se tortiller dans tous les sens et à râler (imaginez le silence de l’expo déchiré par les cris de bébé…!). On décide d’abandonner et de revenir quand elle dormira.

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En attendant, on se lance dans la visite des monuments créés par/pour Hitler et à sa gloire. On est interloqués (mais on ne sait pas dans quel sens) par l’état de délabrement des tribunes. Le portique romain a disparu mais surtout, l’ensemble est laissé aux mauvaises herbes, aux déchets, à la rouille. On se demande quel rapport les allemands ont à cette Histoire et à la mémoire du Reich.Quelques groupes de lycées sont là et écoutent un guide. De cette tribune, Hitler se lançait dans des diatribes devant une foule comme hypnotisée. Etrange sensation là aussi de poser ses pieds ici.

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Nous qui avons souvent vu ces images, on a l’impression de rentrer dans les films d’archive. On poursuit la promenade de 2h plus au sud vers la Grosse Strasse. Une énorme artère de plus de 2km et de plusieurs dizaines de mètres de large qui servaient aux défilés des SS. Il fait un soleil de plomb alors on ne s’attarde pas mais les images défilent dans nos têtes !

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On s’arrêtera là pour Nuremberg, demain nous prenons la route destination Prague où nous resterons plus longtemps. On file faire quelques courses chez Aldi pour remplir le coffre et voir où on va dormir les jours suivant…

Demain, on passe une nouvelle frontière (mais ce sera pour eux revenir en Allemagne après !), on change de langue et de monnaie !

A très bientôt !

Céline, Guy & Louise

PS: Merci pour vos commentaires ! On prend les paris : on ne rentre ni en vélo, ni en Trabant mais avec la Clio ! 😉

12 réflexions sur “De Nuremberg à…

  1. Ce qui me plait toujours autant dans vos récits de voyage c’est la joie de vivre qui s’en dégage. Votre curiosité est palpable : à vous lire, on vous imagine sautillant partout de joie !!

    Je comprends votre trouble face à ces lieux chargés d’histoire que vous avez foulé à Nuremberg. Quand on y pense, ils semblent figés dans le temps, dans les pages des manuels d’histoire. Et aujourd’hui des procès se déroulent encore dans la fameuse salle du procès. Quant à l’endroit où se déroulaient les défilés nazis j’ai bien l’impression qu’il va disparaître un jour ou l’autre vu ce que vous en dites. Il faut payer pour entrer ? Vous avez vu La Vague ? Au début du film, les lycéens sont blasés par tout ce qui touche au IIIe Reich, ils en ont marre qu’on leur en parle depuis tout petit avec un discours culpabilisant et moralisateur.

    Au retour à Strasbourg, il faudra passer voir ma sœur !

    1. Ouiiiiiiii La Vague évidemment ! On en parlais justement avec Guy tout en visitant c’est marrant que tu y fasses référence aussi 😉 !
      Non justement rien n’est payant, c’est laissé comme ça au tout venant sans entretien quel qu’il soit…
      On a pris RDV avec Elise pour le retour 😉

  2. Quel bonheur de vous suivre!!!!
    Merci de nous faire partager vos nouvelles aventures.
    Félicitations à mademoiselle Louise pour ses 1ers pas.

    On vous embrasse bien fort.

  3. Superbe ! j’imaginais le tribunal plus démonstratif sur le passé nazi…

    Les photos sont chouettes 🙂

    Bisous à vous et au plaisir de vous relire très vite

    hhhhhiiii ( bon c’est la tentative pour retranscrire un hennissement )

    1. Oui idem pour moi ! Mas je crois que ce passé est lourd à gérer et l’entretien de la Mémoire n’est pas aussi évident que celui de l’Histoire. Le IIIe Reich, « un passé qui ne passe pas » pour reprendre les termes d’Henry. D’ailleurs, la dame de l’Hôtel quand elle nous a parlé de Nuremberg, ne nous a jamais parlé du tribunal et du Reichsparteit(…). Elle nous en a parlé le lendemain quand je lu ai dit que, prof d’Histoire, je venais aussi pour ça !

  4. Coucou mes chéris,
    Comme d’habitude je suis transportée je me régale à vous lire , et vous voir me ravie ( surtout ma petite Louise) elle marche !!! C’est un signe elle a le goût du voyage. Je vous suis avec impatience grâce à vous je découvre des lieux chargés d’histoire et c’est formidable. Je vous embrasse et à bientôt. Une lectrice conquise.

  5. Coucou! Contente de vous lire!!! On a pas eu le temps de discuter de ça au mariage mais tu me donnes de bonnes pistes! On part dans une quinzaine de jour pour l’Allemagne nous aussi. Je vois que l’étape Strasbourg est idéale!!
    A bientôt Estelle (la copine de Noemie!)

  6. Super ce début du voyage!!!
    Bravo à Louise pour ses premiers pas! Décidément l’Allemagne n’est pas le pays le mieux tourné vers le tourisme et surtout la conservation de son patrimoine… Y aurait-il encore de la honte? Leur histoire fait aussi partie de la notre et de celle du monde entier, on ne peut pas la renier! Aller, bonne route!

  7. Coucou,

    C’est avec plaisir que je vois et lis vote périple en Allemagne.
    Je viens d’être ébahie par la salle du procès de Nuremberg, je ne savais pas qu’il y avait un crucifix accroché au mur ???
    Enfin on ne pas tout connaître …Moment figé dans le temps …

    La « tiote » Louise est de plus en plus belle, merci à vous deux de nous faire partager de merveilleux moments, je vous embrasse très très fort tous les 3 .

    Tata Mary

  8. Je n’ai rien à ajouter, tout a été dit ! Je prends toujours autant de plaisir à vous lire ! Merci de nous régaler ! Et ravie de voir que Louise marche sur les pas de ses parents globe-trotters ! :)))

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