Il est 22h47 et nous sommes toujours assis par terre dans la salle de bain surchauffée du Franconia Hôtel*. (* Louise, si elle nous voit nous installer dans le lit à côté d’elle, fait évidemment la java. Alors pendant qu’elle s’endort, on squatte la salle de bain pour prendre nos douches/ faire la vaisselle/ faire la lessive/ faire les comptes… et regarder où on va le lendemain)

On est affolés de voir que les hébergements pour Prague partent comme des petits pains. Nous qui pensions y aller « à la cool », nous voilà en train de compulser frénétiquement les offres sur tous les sites possibles et imaginables. « Epuisé ». « Epuisé ». « Epuisé ». Il n’y a plus aucune disponibilité.

A force, on finit par trouver quelque chose mais c’est à 15min en tram de Prague. On prend ! Le prix est raisonnable et le comble du luxe c’est que le parking est gratuit. En s’approchant de la ville on constatera que à 10min de notre hôtel, l’hébergement prend près de 40 euros de plus (sans compter le parking qui devient payant et oscille entre 15 à 20 euros la journée). Bref, on fait une bonne affaire !

On quitte Nuremberg de bon matin et très rapidement, le compteur affiche les 1000km fatidiques… déjà ! On passe notre deuxième frontière : nous voilà arrivés en République Tchèque ! On applaudit de nouveau ! Pas de réaction à l’arrière : Louise écrase et bave. La route est facile et se fait rapidement.

Les faubourgs de Prague sont vite en vue et « l’Hotel Golf » nous tend les bras. On est dans la banlieue. Une banlieue comme partout ailleurs, sans âme (à ceci près que l’on découvre le tchèque sur les panneaux) : des voies rapides, un champs de publicités, Ikéa et Mc Donald dans un coin, Burger King et des magasins de chaussure dans l’autre, des poteaux électriques, des trottoirs vides à perte de vue et des rangées d’immeubles. On prend le temps de se poser un peu à l’hôtel puis après une tentative de sieste avortée (mais qui s’est soldée par un repos pour tout le monde), on chausse nos godasses et on se dirige vers le Tram. Le tram n°9 ressemble fort à un vestige soviétique. Tout chétif et branlant, il n’en est pas moins efficace et nous emmène en effet en 15min à bon port.

 Nous ne descendons pas à l’arrêt que nous visions initialement, mais à un autre arrêt sur les conseils d’un tchèque avec qui nous avons rapidement sympathisé. Prof d’université, il a étudié à Grenoble et parle un français presque impeccable avec un accent sympathique. Je lui fais remarquer en lui disant que c’est fantastique alors que nous ne parlons pas un mot de tchèque. Ce à quoi il me répond « Le Tchèque… c’est pas une langue ça, c’est une maladie ! ». Bon hé bien si même pour les tchèques la langue est difficile, pas de complexes alors !

On descend donc à l’arrêt indiqué et nous ne regrettons pas un seul instant. On se dirige vers la Vltava que l’on longe en visant le célébrissime Pont Charles. Sur la route, on traverse le parc de l’île Kampa, remplis de gens qui se prélassent au soleil, de joggeurs, de cyclistes et de badauds qui promènent leurs chiens (d’ailleurs, y’en a un qui – mine de rien – nous suit gaiement depuis qu’on est descendus du tram…). On débouche sur une petite place très animée : des centaines de personnes attablées à des comptoirs différents, mangent qui du fromage, qui du saucisson… tout le monde à un verre de vin à la main, y’a des baguettes qui circulent, un groupe à bretelles qui s’apprête à entonner un morceau. On se croirait dans une guinguette c’est très sympa ! On se rendra compte un peu plus tard que ce rassemblement était … une fête de la francophonie !

Après avoir échangé quelques mots avec des matelots africains qui embarquent les touristes sur des bateaux pour faire des croisières sur le fleuve, on grimpe quelques marches et nous voici donc face à la merveille de Prague : le Pont Charles. On décide de s’y promener une première fois sans ouvrir le guide, juste pour regarder, savourer l’instant tranquillement. Et après seulement 3 pas sur le pont, on fait tout de suite un premier constat : c’est blindé de monde ! Ca change de Nuremberg !

Il y a une foule dense qui arpente le pont, s’arrête en plein milieu, prend des photos, créér des bouchons… Prague est incontestablement une ville très très touristique et pour cause… elle est magnifique. Avec Guy on ne sait plus où donner de la tête, on en a presque le tournis. Les façades art-déco et art-nouveau, les églises aux somptueuses flèches élancées, les tours, le château, les ponts, les synagogues, les statues, les mosaïques. C’est dense et ça donne envie de s’arrêter partout, à chaque coin de rue. Et partout autour de nous, de l’espagnol, de l’anglais, du japonais, de l’italien, du chinois, de l’allemand et du tchèque parlé, chanté, rit. La ville est dynamique et c’est ce qui la rend tellement belle… et attractive ! Après le pont, on décide de se diriger tout droit, au petit bonheur la chance et on débouche sur l’indescriptible place de la vieille ville.

Les façades colorées et sculptées se juxtaposent dans un hallucinant camaïeu de couleurs, des musiciens jouent aux quatre coins de la place donnant lieu à une superbe cacophonie, le soleil de fin de journée fait luire les pavés et des fumets appétissants envahissent les abords de l’hôtel de ville et donnent envie de s’attabler. En un mot : cette ville nous plaît déjà. Beaucoup. On ne s’attarde pas plus car, avec la route dans les jambes, on est tous les trois un peu sur les rotules. On cherche (en vain) de quoi se nourrir pour le soir et on parvient au prix d’incroyables efforts et aller-retours, à se procurer une carte de transport pour les 3 jours que nous allons passer ici. Un coup de Tram plus loin et nous voilà revenus à l’hôtel Golf.

21h30, extinction des feux pour tout le monde.

Vendredi (aujourd’hui donc) nous avons entamé nos visites. On a commencé par se promener sur les grands boulevards : Na Prikope, la place Venceslas, la rue Celetna. Ces promenades sont l’occasion pour nous d’admirer de plus près ces fameuses façades art-nouveau et c’est la maison municipale qui nous plongera en un millième de secondes dans l’univers de Gatsby le Magnifique.. Des boiseries, des mosaïques, de la lumière … tout est beau à voir !

Après s’être perdus dans le dédale de rues autour de Notre Dame de Tyn, on décide de filer vers notre prochaine étape : Josefov – la ville juive. Bon alors ici, l’Histoire est dense, pluriséculaire et super intéressante mais je ne vais pas transformer ce blog en un blog d’Histoire donc… Sachez que nous voulions absolument voir le cimetière juif où plus de 12.000 tombes s’entassent les unes au dessus des autres dans un fantastique chaos et un joyeux désordre. Nous n’avons pas été déçus : le cimetière est tout à la fois magnifique et émouvant. Enserrés entre des murailles et les habitations voisines, des milliers de tombes cohabitent avec les arbres qui ont poussé là, les oiseaux qui se sont installés et évidemment les touristes qui viennent du monde entier admirer le plus ancien cimetière juif d’Europe.

Un repas plus tard, on se lance dans la tournée des Synagogues du quartier. La première (la Vieille Nouvelle) nous a un peu désarçonnés : on entre dans une petite pièce et… c’est tout. C’est très petit, dépouillé et en un mot, il n’y a pas grand-chose à voir que ce soit en terme d’architecture ou de culte. Bon. On aura au moins vu Guy avec une Kippa.

On poursuit sur la 2ème, qui nous ravit d’avantage. Elle est déjà dotée de très belles voûtes et, fait marquant, ses murs ont été intégralement couvert des milliers de noms des déportés de Bohême Moravie.

La 3ème et dernière synagogue nous coupe le souffle. C’est la synagogue Espagnole, de style mauresque. Les murs sont en mosaïque du sol à la coupole, la lumière tamisée et les chuchotements des visiteurs lui confèrent un côté très mystique qui nous subjugue. On termine donc cette visite de la ville juive, ravis.

Et le petit bipède (ou le bonobo comme dirait son père) dans tout ça ? Il a rendu les armes dès la 1ère synagogue, bercé par les chants religieux et il attendrit tout le monde sur son passage. Il faut dire qu’il fait 35° et que la demoiselle est en body rose à bretelle, les jambes blanchies par la crème solaire dépassant de la poussette. On se félicite d’avoir emmené notre mini-poussette d’ailleurs : le porte-bébé c’est impossible avec cette chaleur !

Il est 15h, le ciel devient menaçant. Tiens, on a jamais vu de Klimt ni de Mucha et le musée d’art contemporain semble à porté de jambes. On file et évidemment il se met à pleuvoir. La route est en fait plutôt longue et on enrage de voir des tram nous dépasser : on a un billet de transport pour 3 jours et on marche bêtement le long des voies. Bref. Le musée a été une déception pour Guy et une visite en demi-teinte pour moi. A noter cependant qu’on a pu en effet voir des tableaux de Klimt, Mucha, Kokoschka, Kupka et de nombreux autres mais… bon, on est pas particulièrement fan du cubisme et du surréalisme tchèque. Louise est au top et adore en revanche ! Et elle réussi l’exploit de figer un sourire béat sur les visages des gardiens de salle qui ressemblent – entre nous – plus à des gardiens de prison tout droit venus de l’époque communiste.

La journée est bien remplie et il est déjà bientôt 18h. On rentre chez nous après une halte au stand « nourriture du routard » (des sandwichs) et on doit avouer que 15min de tram, c’est pas insurmontable. Surtout quand c’est pour se retrouver dans un petit hôtel dont les fenêtres donnent sur un parc où on entend les oiseaux et rien d’autre.

A très vite pour la suite !

Céline, Guy & Louise