« ‫וכל המקיים נפש אחת מישראל מעלה עליו הכתוב כאילו קיים עולם מלא‬* » (Michna, Sanhédrin 4:5)

*« Celui qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière »

Vendredi, après une bonne grasse matinée, nous sommes allés à pied nous promener du côté de la Fabryka Emalia Oskara Schindlera. Vous avez bien compris, nous sommes allés visiter l’usine d’Oskar Schindler ! L’usine n’est plus en activité depuis bien longtemps mais elle abrite aujourd’hui une exceptionnelle exposition consacrée à Cracovie sous le joug nazi et à l’un de ses plus célèbres Justes parmi les Nations.

« Schindler m’a donné la vie. Je veux lui donner l’immortalité » (Poldek Pfefferberg)

La légende veut que Thomas Keneally l’auteur du livre La liste de Schindler ait croisé Poldek Pfefferberg (un protégé de Schindler) dans une boutique à Los Angeles, qui lui a raconté son histoire. Un livre a été écrit puis, Poldek a harcelé Spielberg paraît-il pendant 10 ans. Dans les faits, Spielberg ne se sentait pas les épaules et aurait même tenté de refiler le projet de film à Roman Polanski (qui a refusé, ayant lui même vécu dans le ghetto de Cracovie). Vous connaissez la suite: La liste de Schindler, film multi oscarisé, a crevé l’écran. On se souvient de Liam Neeson campant Schindler et de Ben Kingsley endossant le rôle d’Itzhak Stern.

Si une des scènes finales (Schindler dictant à Stern « la liste » des 1100 juifs qu’il va sauver) n’est que pure fiction, le film a le mérite de retracer par le menu un des épisodes marquant de l’histoire de Cracovie pendant la guerre. Profiteur de guerre, membre du NSDAP (parti nazi), Schindler a d’abord vu dans cette main d’oeuvre juive corvéable à merci et peu chère, une excellente opportunité.

« Il m’a embauché dans son usine tout en sachant que je ne servirai à rien ».

Prenant la mesure du sort des ses ouvriers et assistant au déchaînement de violence d’Amon Göth lors de la liquidation du ghetto de Varsovie, Schindler parviendra à sauver 1100 juifs en les inscrivant sur une liste de « travailleurs indispensables ». Ils échappent à la mort promise dans le camp de concentration de Plaszow.

Tout cela est admirablement raconté, expliqué dans le musée, laissant cependant de côté l’aspect très paradoxal et ambivalent de Schindler.

Par ailleurs, on a tous les deux été époustouflés par la muséographie d’une richesse inimaginable. On est loin, très très loin de la tristounette et peu efficace exposition tout en allemand du tribunal de Nuremberg. De nombreux témoignages, de la musique, des effets de miroirs, de reflets, des reconstitutions, des chants religieux, des chiens qui aboient sur fond d’ordres allemands, une multitude d’objets savamment mis en lumière, des vidéos, des ambiances, des atmosphères.

Plus on avance dans le musée et plus on pénètre dans la guerre, dans l’obscurantisme qui prend tout son sens avec le zigzag obligatoire entre ces énormes drapeaux ornés de svastikas.

Les lumières, les températures changent et même les sols se succèdent et ne se ressemblent pas. Des pavés comme dans la rue, le sol en bois d’un tram, du carrelage de cuisine lorsque l’on pénètre chez les habitants du ghetto, du parquet d’usine qui craque, du gravier quand on arrive dans une reconstitution du camp de Plaszow. A la fin du musée, on traverse dans l’obscurité un sol en caoutchouc complètement mou qui nous fait perdre notre équilibre et marcher de travers pour symboliser la terrible période qui s’ouvre après le départ des allemands : celle de l’ère soviétique.

    En un mot : un musée EXCEPTIONNEL qui dépasse largement les – déjà – très belles muséographies des musées londoniens et d’Hiroshima/ Nagasaki.

Cet après midi, puisque Guy a consommé – contre mon avis – un plat dans ce bistro (cf. photo ci-dessus), on est restés cloués à la maison. Guy sur les toilettes et Louise à la sieste (une sieste dans un lit pour une fois, youhou!) pour une sieste record de 4h. On a donc terminé nos promenades dans Cracovie en allant du côté de Podgorske, l’ancien Ghetto Juif dont il ne reste que quelques pans du mur original (mur construit par les nazis) et en remontant les berges aménagées de la Wisla.

On a quitté Cracovie à regret ! On y a passé d’excellents moments dans une belle atmosphère mais il est temps de… reprendre la route ! (on aura finalement pas pu faire les Mines de Sel)

Prochaine étape : Budapest !

Plutôt que de passer par Brno comme on vous le disait il y a quelques temps, on a décidé de traverser la Slovaquie pour que ce soit plus « direct ». On s’est donc lancés, le coeur léger sur la route de nouveau pour finir… dans des bouchons.

TOUS LES POLONAIS filent à Zakopane le week-end, il faut le savoir. C’est LA station touristique de montagne par excellence. Et qui a pris la route le même jour pour aller dans la même direction ? Nous 3 bien sûr. A l’origine on pensait même aller y faire un tour, il paraît que c’est superbe (un certain Thomas nous l’a dit…). Puis on a lu/ vu/ entendu que la station était prise d’assaut pendant les mois d’été et qu’y aller pouvait relever du cauchemar. Alors on a décidé de passer notre chemin. Bref, on aura donc goûté au cauchemar de Zakopane puisque nous sommes restés coincés dans les bouchons 1h ! Bouchons + chaleur + remuage dans tous les sens sur des routes de montagne = énervement = envie de vomir. Vous connaissez l’équation !

Puis nous avons traversé sous une pluie battante les splendides Carpates de Zipsie Septentrionale et Méridionale (région du Nord/ centre de la Slovaquie) et découvert avec plaisir des campagnes fraîches et accueillantes où passer la nuit (et avec une super baignoire en plus !).

La Slovaquie n’aura été qu’une étape ! On se dit que quelques semaines de randonnée dans le coin pourraient être sympas pour une prochaine fois.

On a donc continué plus au sud, dépassé notre 2000ème kilomètre et finit par atteindre notre 5ème frontière  : la Hongrie. Hip Hip Hip Hourra !

Nous venons d’arriver au 105 du boulevard Villanyi à Budapest. Plutôt à Buda qu’à Pest d’ailleurs. Nous avons été accueillis par Monika et Zlotan, un charmant couple qui possède une énorme bâtisse. Ils occupent tout le rez-de-chaussée et le 1^er étage et louent un énorme appartement de 90 mètres carrés au dernier étage. Tout ça, pour un prix dérisoire. Ils nous plaisent bien ces deux là : un camping car dans la cour, plein d’objets de récup’, du bricolage pour un appart à 10.000 lieux de l’appartement témoin Ikéa de Cracovie (qu’on a bien aimé aussi) : un appart’ VINTAGE.

Louise est conquise, elle déambule dans toute la maison, testant son nouveau moyen de transport (ses pieds), passant de pièce en pièce, trimballant son paquet de couche sur la terrasse, grimpant sur tout qui est à portée de micro jambes.

Comme toute journée de route, l’après midi est toujours consacrée à la même chose : repos, petites promenades sans avoir lu quoi que ce soit et courses. Et comme toute journée où on arrive dans un nouvel endroit, on se dit invariablement : « Woaw. Tu te rends compte ? On est à Budapest ».

Céline, Guy & Louise.